lundi 23 août 2010

Le "Québec bashing"

Définition
Le "Québec bashing" ("cassage du Québec" ??!) est une attitude de dénigrement systématique du Québec (sa culture, son peuple, son gouvernement, voire même sa simple existence), spécialement ciblée envers les francophones - et (horreur!) envers les Souverainistes. Elle provient principalement du Canada dit "anglais"  - aussi appelé ROC: "Rest of Canada" (l'équation mathématique étant ROC = Canada - Québec). Ce dénigrement peut bien souvent prendre une forme assez virulente, voire carrément discriminatoire ou diffamatoire sur un mode de propagande  qu'on peut qualifier bien souvent de nauséabond...

Contexte historique
Alors que la majorité francophone était historiquement largement discriminée au Québec - notamment dans le domaine de l'emploi et de l'usage du français en particulier - cette tendance s'est inversée - de manière pacifique - depuis le milieu des années 70 et l'arrivée au pouvoir des Souverainistes. La Charte de la langue française, mieux connue sous le nom de "loi 101", réglemente l'usage du français comme langue première au Québec (affichage, milieu professionnel, intégration des immigrants, éducation, ...). Une des dispositions les plus controversées fait en sorte que les parents issus de l'immigration doivent envoyer leurs enfants au primaire public dans une école francophone.
Mais certains "anglos" y ont vu (et y voient encore) une atteinte inadmissible à la liberté d'expression, voire un interventionnisme discriminatoire...

"Naziland"
Les arguments récurrents tendent à démontrer qu'il a existé un fort courant d'antisémitisme au Québec, notamment dans la première moitié du XXième siècle; par association, on désigne les Québécois souverainistes comme des fascistes ou des nazis, des collabos durant la seconde guerre mondiale... Dans la même veine, l'Office québécois de la langue française (chargé de faire respecter l'application de la Loi 101), est qualifié tour à tour de "police politique", de "Gestapo", etc...
Par extension, une minorité n'hésiterait pas à associer tous les Québécois à des racistes rétrogrades, à des xénophobes mangeurs d'anglophones et fermés sur eux-mêmes et sur leur culture moyenâgeuse... Le gouvernement lui-même pratiquerait une sorte de politique d'apartheid favorisant les blancs francophones au sein de ses services publics et ses dirigeants "corrompus" ont tour à tour été qualifiés de Pol Pot ou d'Hitler...
A titre d'exemple, récemment, le site Wikipédia a vu l'un de ses articles modifié pour faire mention d'un "Quebec Nazi Act" en référence à la Loi sur les langues officielles du Canada (article en anglais) qui donne officiellement un statut égal au français et à l'anglais .

"Au crochet du Canada..."
On retrouve aussi les thèmes récurrents sur le fait que le Québec représente un fardeau - notamment économique - pour le reste du Canada - et donc l'hypocrisie des souverainistes, qui, d'un côté, veulent la séparation du Québec, mais de l'autre, profite allégrement de la manne financière et économique générée par le Canada anglophone. Le Québec est vu comme une sorte de parasite du Canada, une tâche qui selon certains points de vue extrémiste, devrait être nettoyée...

"Une sous-culture"
Il est également de bon ton de rabaisser l'identité québécoise - pourtant bien réelle - à une sous-culture sans intérêt, rétrograde, superficielle... Par association, les Québécois sont donc fichés comme des tiers-mondistes sans réflexion, sans aucune curiosité intellectuelle, uniquement mus par leurs besoins primaires (boire, manger, baiser, etc) et bêtement dirigés par un gouvernement pseudo-dictatorial qui leur dicte ce qu'ils doivent faire ou ne pas faire (pensez-vous, il faut écrire et parler en français!).

Portée du débat
La teneur diffamatoire et propagandiste des propos rapportés est de manière compréhensible extrêmement choquante. Mais, si l'on veut rester objectif, il reste à démontrer que le "Québec bashing" est un phénomène répandu au Canada anglais, c'est à dire qu'il devrait être considéré comme partie intégrante de la culture du Canada anglais, notamment dans les provinces de l'ouest (Alberta, Colombie-Britannique, etc). En clair, ceci reste une dérive bien heureusement minoritaire et malvenue...